dimanche 4 novembre 2018

INRA : Bressonvilliers doit rester une ferme!

 Cet article est une copie de l'article de ENE : 
http://ene91.fr/bressonvilliers-doit-rester-une-ferme-26-octobre-2018/

Les associations adhérentes de OHE, également membre de Essonne Nature Environnement soutiennent son initiative pour préserver la vocation agricole du Site de Bressonvilliers avec une nouvelle orientation en faveur de l'agriculture biologique.


On frôle la pénurie dans l’alimentation Bio, les consommateurs en redemandent, la croissance est explosive. La région IDF est à la traine en matière d’agriculture bio. Aussi, le Pacte Agricole Régional (doté de 150 Millions d’euros) affiche l’ambition de parvenir à 25% de surfaces agricoles en bio d’ici 2030 contre 2% en 2015.
Rappelons le contexte  actuel de l’agriculture biologique :
Selon les projections économiques récentes le secteur de l’agriculture et de la distribution biologique  connaissent une croissance  très forte depuis plusieurs années et qui doit se poursuivre. En 2016, la valeur des achats de produits « BIO » a été estimée à 7,147 milliards d’euros, en croissance de 20%.
En 2016, l’activité biologique, employait  près de 118 000 salariés, avec une croissance moyenne de 8,4% par an depuis 4 ans. Elle  crée donc plus d’emplois que l’agriculture conventionnelle, omniprésente en Essonne.
  • selon une étude réalisée pour le Conseil Régional d’Ile-de-France, 82% des Franciliens se disent prêts à payer un peu plus cher pour privilégier la qualité et avoir une garantie sur la provenance des produits qu’ils consomment.
  • 91% de la nourriture consommée en Île-de-France est importée. Les Franciliens ont des besoins réels en agriculture Bio de proximité. Lors des dernières intempéries chacun a pu constater qu’en trois jours, il n’y avait plus de produits frais dans les magasins et qu’il aura fallu plus d’une semaine pour  revenir à la normale. Il est souhaitable de restaurer les circuits courts de distribution pour des produits alimentaires de qualité.
Les enjeux conjoints d’une agriculture biologique et de proximité en île de France répondent à des attentes de la société et s’inscrivent dans les engagements nationaux en faveur de l’économie circulaire et de la lutte contre le changement climatique.
Cependant convertir une exploitation à l’agriculture biologique se heurte aussi à des obstacles pratiques. Durant les  trois premières années,  les surfaces converties n’ont pas encore la certification, l’exploitant supporte les coûts sans recevoir les revenus en contrepartie.
Un autre obstacle puissant est le vieillissement de la population agricole : en 2013, 80% des exploitants franciliens avaient plus de 40ans. Nombreux sont ceux qui partiront à la retraite dans les 20 prochaines années, une situation qui n’encourage pas à prendre de risques. Et pour ceux qui leur succéderont, sans soutien publicil sera très difficile  de supporter la charge écrasante de la reprise d’exploitation et les 3 années de conversion au bio.
La profession agricole doit être accompagnée. C’est pourquoi les instances publiques locales doivent mobiliser leurs ressources pour répondre à ce double défi qui constitue un enjeu de territoire : changement générationnel et changement de mode de production agricole.
A plus forte raison, il serait incompréhensible qu’elles passent à côté d’une opportunité comme celle qu’offre la cessation d’activité de L’INRA sur la ferme de Bressonvilliers en Essonne,  dans le cadre de sa réorganisation régionale.
Depuis la cessation d’activité, les « étables » sont désertées
L’INRA renonce  au physiopôle (recherches transgéniques sur le bétail) libère ainsi 250 ha de terres agricoles qui, si elles n’étaient pas cultivées sous le label agriculture biologique, utilisaient cependant moins d’intrants phytosanitaires que l’agriculture traditionnelle, pour des raisons liées aux protocoles expérimentaux.
Ce renoncement de l’INRA ne doit pas conduire à une urbanisation supplémentaire et doit au contraire offrir l’opportunité exceptionnelle d’accueillir de nouvelles exploitations d’agriculture biologique,d’autant qu’à proximité, le pôle agrobiologique,  piloté par Fermes d’avenir sur 53 hectares laisse augurer des synergies.
250 hectares constituent une surface suffisante pour une utilisation économiquement viable.
ENE demande aux deux agglomérations et aux communes concernées (qui devraient logiquement recevoir en gestion ces emprises) de  conserver en totalité, la vocation exclusivement agricole de ces terrains et de travailler en concertation avec  les acteurs de la profession pour bâtir un projet d’agriculture biologique ambitieux, cohérent, structurant pour le Cœur D’Essonne et pour le Val d’Essonne et s’insérant dans une perspective d’économie circulaire.
Les ressources du Pacte Agricole Régional doivent être mobilisées.
Les 270 ha disponibles aujourd’hui présentent des avantages évidents, notamment :
  • Il s’agit d’un territoire homogène de terrains contigus, suffisamment vaste.
  • On dispose déjà de bâtiments importants à vocation agricoles
  • Les collectivités ont la maitrise du foncier, ce qui peut faciliter l’installation de nouveaux exploitants qui ne disposerait pas d’un apport initial en capital
  • L’existence du projet Fermes d’avenir peut permettre des synergies de moyens ou de savoir-faire (même si le modèle économique est différent)
  • Le cycle de passage à l’agriculture biologique (3 ans) peut être géré en douceur en lien avec les collectivités.
Nous souhaitons rencontrer  les collectivités locales concernées par la fin d’activité de l’INRA à Bressonvilliers.
Alors passer au bio au royaume des grands céréaliers, c’est possible ?
Oui nous le pouvons et nous le devons !

vendredi 2 novembre 2018

Restaurer les alignements d'arbres et les continuités biologiques

Dans la continuité de notre réflexion sur la gestion du patrimoine arboré en ville, nous nous sommes inquiétés de la question des continuités biologiques et des alignements d'arbres en Essonne. durant les "trente glorieuses" le développement de l'agriculture intensive à conduit à  détruire la plupart des alignements arbres et des haies vives dans nos campagnes. Comme partout en France on a considéré que les haies vives des sentiers "gênaient" et que les alignements d'arbres, le long des départementales, étaient "responsables" d'une part de la mortalité sur les routes !

Aujourd'hui la biodiversité est en chute libre partout dans le monde et pour de trop nombreuses raisons mais nous savons qu'il existe un moyen simple et naturel de limiter ce phénomène en reliant entre eux les réservoirs de biodiversités (qui existent en Essonne) par des continuités biologiques favorisant la circulation des espèces. Ce n'est pas forcément coûteux.

C'est pourquoi nous avons écrit au conseil départemental sur ces deux sujets. Nous joignons également la réponse qui nous a été faite.

Courrier du 12 juillet à M. le Président du Conseil départemental de l'Essonne



Objet : Alignements d’arbres et continuités biologiques

Monsieur le Président,

Notre association regroupe plusieurs associations environnementales de Cœur d'Essonne Agglomération. Nous souhaitons attirer votre attention  sur le rôle du conseil départemental dans l'aménagement des bas-côtés des routes départementales dont il a la charge. Ces voies offrent une possibilité  remarquable d'aménagements paysagers de qualité  et, par la même occasion, la possibilité  de reconstituer des continuités  biologiques sans  avoir à étendre le domaine public.

Le conseil départemental a également la charge de veiller sur les espaces naturels sensibles et il y aurait une cohérence sur le plan écologique à relier les ENS existants entre eux et avec les domaines gérés par l'Agence des Espaces Verts, par des continuités biologiques afin de favoriser la préservation de la biodiversité dans notre département. Nous pensons notamment à la multiplication de haies vives qui offrent un habitat adapté pour de nombreuses espèces animales et ne nécessitent pas un entretien complexe.

Aussi nous vous demandons de mettre en œuvre un programme à long terme  de reconstitution  des continuités écologiques et de mise en valeur paysagère, en  aménageant les bas-côtés des voies départementales.
Nous attirons par la même occasion votre attention sur la nécessité de préserver et de compléter les alignements d'arbres existants dont la dimension paysagère est indéniable. Ceux-ci concourent en effet à l'embellissement de l’Essonne et contribuent à son attrait touristique.

Est-il nécessaire de rappeler que leur défense face aux menaces de destruction systématique a  été initiée en son temps par le président Pompidou et que malheureusement leur sort reste précaire.

Or, nous constatons avec regret que, sur ce point, le conseil départemental n'est pas très  actif. Nous prendrons comme exemple de ces insuffisances, la portion de la route départementale D26 reliant Marolles-en-Hurepoix à Guibeville : au moins 11 platanes ont été abattus par le passé sans remplacement.
Nous vous demandons donc, pour cet axe, de procéder au remplacement à l'identique des arbres manquants dans ces alignements. Et nous souhaitons que, dans le cadre du programme de reconstitution des continuités biologiques que nous appelons de nos vœux, une attention particulière soit portée  à la conservation des alignements d'arbres existants et à la reconstitution des ceux qui auraient été supprimés par le passé.

En vous remerciant pour votre attention et dans l'attente de vous lire,

Nous vous prions, Monsieur le Président, de recevoir nos salutations distinguées.


Dominique Deboise
Président d’Orge Hurepoix Environnement



 Réponse de Madame Vermillet du 25 septembre 2018















Mieux gérer le patrimoine arboré en ville

Fin 2017, Orge Hurepoix Environnement a engagé une campagne d'action et de réflexion sur la gestion du patrimoine arboré en ville. c'est question difficile car si chacun intuitivement apprécie et souhaite une plus grande présence de la nature en ville, ce besoin entre en contradiction avec toutes les contraintes de la vie urbaine : circulation, stationnement, coût d'entretien de la végétation, gestion des risques auprès des usagers et responsabilité civile des administrations publiques.

Partant d'un évènement singulier : l'abattage contestable de plusieurs platanes sur la rue Hoche à Arpajon, nous avons essayé d'élargir notre vision et inciter les collectivités publiques Mieux gérer le patrimoine arboré en ville, a penser en terme de "renaturation" en ville, de continuités biologiques et de biodiversité.
Nous ne disons que ces questions sont aujourd'hui éludées 'hui mais elles sont clairement sous-estimées et très souvent les élus considèrent (et nous répondent) que ce qui est déjà fait est bien suffisant.
Nous publions ci-après nos échanges à ce sujet

Courrier  du 17 avril 2018 au président de l'agglomération Cœur d'Essonne et aux 21 maires de l'agglomération


 
 Objet: Pour une meilleure gestion du patrimoine arboré

 Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Maires,

Notre fédération d'associations, Orge Hurepoix Environnement, s'inquiète de la gestion chaotique du patrimoine arboré qui prédomine dans les villes de notre agglomération.
Il n'y a pas de recensement systématique des arbres remarquables, qu'ils soient situés sur le domaine public ou privé, leur inscription au PLU manque la plupart du temps, limitant notamment les moyens d'intervention face à des propriétaires peu soucieux de préserver ce patrimoine et trop souvent adeptes de la tronçonneuse sans modération.  Là où les collectivités sont maîtresses d'œuvre, la gestion publique est souvent approximative et les pratiques d'élagage encore trop souvent traumatisantes, voire destructrices. La recherche de la sécurité  du public est régulièrement invoquée sans discernement, sans finesse, pour justifier des réaménagements urbains ou même par simple facilité, pour  n'avoir pas à gérer le vieillissement naturel des arbres, héritant d'une vision étriquée,  minimaliste du cadre de vie et de l'aménagement paysager.
Faut-il ajouter à ces critiques, la confiance aveugle et naïve accordée au diagnostic des sociétés privées d’élagage se trouvant ainsi juge et partie, et s'attribuant sans aucun contrôle sérieux un marché dimensionné selon leur convenance, financé par les contribuables, comprenant abattage et replantation.
De telles pratiques, qui concernent notamment les alignements d'arbres  en milieu urbain,  sont, d'un point de vue écologique, préjudiciables et ne tiennent pas compte du fait qu'un arbre est aussi un écosystème  qui évolue dans le temps mais ne se régénère pas immédiatement par la plantation de l’arbuste qui le remplace.
Un arbre creux n’est pas nécessairement trop vieux ou en mauvaise santé ou dangereux : le plus vieux chêne de France, le chêne d'Allouville, âgé de plus de huit siècles, est situé en plein  village, près de l’église, c’est un arbre creux dont la cavité intérieure présente une surface de un mètre carré.
Les platanes sont des arbres qui vivent plusieurs centaines d’années. On ne peut pas dire, comme on l’a vu écrit dans  un « diagnostic », à propos d’un platane pas même séculaire qu’il était « vieillissant ».  Pour bien gérer l’arbre en ville, il va falloir sortir des lieux communs.
On ne peut pas dire à tort et à travers qu’il faut faire entrer la nature en ville et supprimer systématiquement les arbres creux qui offrent un habitat naturel pour de nombreuses espèces aujourd’hui en forte régression notamment chouettes, hiboux et chauve-souris.
Nous ajouterons, au titre de nos réserves, que certains parcs urbains sont entretenus selon les critères d’une gestion forestière peu soucieuse de la dimension paysagère et de l’aspect cadre de vie. Nous devons penser qu’il faut créer les conditions pour que des arbres adultes aujourd’hui, vieillissent et deviennent à leur tour, remarquables au profit des générations futures. Et ce n’est pas possible si l’on abat systématiquement les arbres bons pour la coupe.
Certes, tous les élus ne commettent pas toutes ces erreurs et nous n'avons ni les moyens techniques, ni le temps, ni même l'intention de distribuer des bons points et des bonnets d'âne. Nous souhaitons seulement une meilleure cohérence et une systématisation des usages pour la gestion du patrimoine arboré. Nous pensons que certains coûts pourraient être mutualisés dans le cadre de l'agglomération, ce qui permettrait également de fixer dans la durée un savoir-faire environnemental, incluant l'évaluation  écologique,  l'intérêt des riverains en matière de cadre de vie,  au service des municipalités.
Dès à présent nous vous demandons de prendre en considération les propositions suivantes des associations environnementales de l'agglomération, à savoir:
- Dès à présent que les municipalités  procèdent au recensement des arbres remarquables (ou ayant une valeur patrimoniale) des domaines privé et public, si ce n'est déjà fait.
- Leur inscription dans les PLU/PLUI de chaque municipalité.
- Une dissociation entre la gestion des arbres (abattage,  replantation) et l'expertise  avec notamment une mutualisation des moyens dans les deux cas
- Un plan de protection et de restauration des alignements d'arbres
- Une meilleure prise en compte de la dimension écologique et paysagère dans la gestion du renouvellement des arbres. La sécurité ne doit plus être invoquée à tort et à travers en dehors de toute expertise, surtout quand il s’agit d'arbres « anciens ».  La consultation régulière d’un écologue doit intervenir dans la gestion des arbres, de la plantation jusqu’à l’abattage en passant par l’élagage.
- l’adoption d’une charte de l’arbre en ville pour chaque commune ou  l’ensemble du territoire (Si besoin nous pouvons mettre à votre disposition un exemple de charte)
- la prise en compte  de ces diverses propositions dans les documents structurants de l’agglomération, notamment le projet de territoire
- la mise en place d’une politique de « nichoirs municipaux » pour pallier (très imparfaitement hélas)  à la destruction systématique des habitats naturels pour nicheurs. Cela doit se faire en collaboration avec les associations naturalistes existantes
Enfin, dans le cas des exactions commises par des personnes privées,  si le signalement peut se faire efficacement au niveau municipal, nous pensons qu'il serait préférable d'en déléguer la gestion des contraventions et des contentieux à l'agglomération car le face à face entre élus locaux et électeurs se fait difficilement au profit de l'exemplarité et des arbres !
Bien entendu, il va sans dire que tout doit être fait pour améliorer la biodiversité et les continuités écologiques dans nos communes et, qu'en conséquence, des campagnes de plantations  régulières peuvent s'avérer  utiles, également sur le  plan pédagogique. La revégétalisation de nos villes est devenue aujourd'hui une urgence.
Dans l'attente de vous lire,
Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Maires, l'expression de nos  sentiments distingués.

                                                                                  Dominique Deboise
                                                                                  Président d’Orge Hurepoix Environnement