Partant d'un évènement singulier : l'abattage contestable de plusieurs platanes sur la rue Hoche à Arpajon, nous avons essayé d'élargir notre vision et inciter les collectivités publiques Mieux gérer le patrimoine arboré en ville, a penser en terme de "renaturation" en ville, de continuités biologiques et de biodiversité.
Nous ne disons que ces questions sont aujourd'hui éludées 'hui mais elles sont clairement sous-estimées et très souvent les élus considèrent (et nous répondent) que ce qui est déjà fait est bien suffisant.
Nous publions ci-après nos échanges à ce sujet
Courrier du 17 avril 2018 au président de l'agglomération Cœur d'Essonne et aux 21 maires de l'agglomération
Objet: Pour une meilleure gestion du patrimoine
arboré
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Maires,
Notre fédération
d'associations, Orge Hurepoix Environnement, s'inquiète de la gestion chaotique
du patrimoine arboré qui prédomine dans les villes de notre agglomération.
Il n'y a pas de
recensement systématique des arbres remarquables, qu'ils soient situés sur le
domaine public ou privé, leur inscription au PLU manque la plupart du temps,
limitant notamment les moyens d'intervention face à des propriétaires peu
soucieux de préserver ce patrimoine et trop souvent adeptes de la tronçonneuse
sans modération. Là où les collectivités
sont maîtresses d'œuvre, la gestion publique est souvent approximative et les
pratiques d'élagage encore trop souvent traumatisantes, voire destructrices. La
recherche de la sécurité du public est
régulièrement invoquée sans discernement, sans finesse, pour justifier des réaménagements
urbains ou même par simple facilité, pour n'avoir pas à gérer le vieillissement naturel
des arbres, héritant d'une vision étriquée,
minimaliste du cadre de vie et de l'aménagement paysager.
Faut-il ajouter à ces
critiques, la confiance aveugle et naïve accordée au diagnostic des sociétés privées
d’élagage se trouvant ainsi juge et partie, et s'attribuant sans aucun contrôle
sérieux un marché dimensionné selon leur convenance, financé par les
contribuables, comprenant abattage et replantation.
De telles pratiques, qui
concernent notamment les alignements d'arbres en milieu urbain, sont, d'un point de vue écologique, préjudiciables
et ne tiennent pas compte du fait qu'un arbre est aussi un écosystème qui évolue dans le temps mais ne se régénère
pas immédiatement par la plantation de l’arbuste qui le remplace.
Un arbre creux n’est pas
nécessairement trop vieux ou en mauvaise santé ou dangereux : le plus vieux chêne de France, le chêne
d'Allouville, âgé de plus de huit siècles, est situé en plein village, près de l’église, c’est un arbre
creux dont la cavité intérieure présente une surface de un mètre carré.
Les platanes sont des
arbres qui vivent plusieurs centaines d’années. On ne peut pas dire, comme on
l’a vu écrit dans un « diagnostic »,
à propos d’un platane pas même séculaire qu’il était
« vieillissant ». Pour bien gérer
l’arbre en ville, il va falloir sortir des lieux communs.
On ne peut pas dire à
tort et à travers qu’il faut faire entrer la nature en ville et supprimer
systématiquement les arbres creux qui offrent un habitat naturel pour de
nombreuses espèces aujourd’hui en forte régression notamment chouettes, hiboux
et chauve-souris.
Nous ajouterons, au titre
de nos réserves, que certains parcs urbains sont entretenus selon les critères
d’une gestion forestière peu soucieuse de la dimension paysagère et de l’aspect
cadre de vie. Nous devons penser qu’il faut créer les conditions pour que des
arbres adultes aujourd’hui, vieillissent et deviennent à leur tour,
remarquables au profit des générations futures. Et ce n’est pas possible si
l’on abat systématiquement les arbres bons pour la coupe.
Certes, tous les élus ne
commettent pas toutes ces erreurs et nous n'avons ni les moyens techniques, ni
le temps, ni même l'intention de distribuer des bons points et des bonnets
d'âne. Nous souhaitons seulement une meilleure cohérence et une systématisation
des usages pour la gestion du patrimoine arboré. Nous pensons que certains
coûts pourraient être mutualisés dans le cadre de l'agglomération, ce qui
permettrait également de fixer dans la durée un savoir-faire environnemental,
incluant l'évaluation écologique, l'intérêt des riverains en matière de cadre
de vie, au service des municipalités.
Dès à présent nous vous demandons
de prendre en considération les propositions suivantes des associations
environnementales de l'agglomération, à savoir:
- Dès à présent que les
municipalités procèdent au recensement
des arbres remarquables (ou ayant une valeur patrimoniale) des domaines privé
et public, si ce n'est déjà fait.
- Leur inscription dans
les PLU/PLUI de chaque municipalité.
- Une dissociation entre
la gestion des arbres (abattage,
replantation) et l'expertise avec
notamment une mutualisation des moyens dans les deux cas
- Un plan de protection
et de restauration des alignements d'arbres
- Une meilleure prise en
compte de la dimension écologique et paysagère dans la gestion du
renouvellement des arbres. La sécurité ne doit plus être invoquée à tort et à
travers en dehors de toute expertise, surtout quand il s’agit d'arbres « anciens ». La consultation régulière d’un écologue doit
intervenir dans la gestion des arbres, de la plantation jusqu’à l’abattage en
passant par l’élagage.
- l’adoption d’une charte
de l’arbre en ville pour chaque commune ou
l’ensemble du territoire (Si besoin nous pouvons mettre à votre
disposition un exemple de charte)
- la prise en compte de ces diverses propositions dans les
documents structurants de l’agglomération, notamment le projet de territoire
- la mise en place d’une
politique de « nichoirs municipaux » pour pallier (très
imparfaitement hélas) à la destruction
systématique des habitats naturels pour nicheurs. Cela doit se faire en
collaboration avec les associations naturalistes existantes
Enfin, dans le cas des
exactions commises par des personnes privées,
si le signalement peut se faire efficacement au niveau municipal, nous
pensons qu'il serait préférable d'en déléguer la gestion des contraventions et
des contentieux à l'agglomération car le face à face entre élus locaux et
électeurs se fait difficilement au profit de l'exemplarité et des arbres !
Bien entendu, il va sans
dire que tout doit être fait pour améliorer la biodiversité et les continuités
écologiques dans nos communes et, qu'en conséquence, des campagnes de
plantations régulières peuvent s'avérer utiles, également sur le plan pédagogique. La revégétalisation de nos
villes est devenue aujourd'hui une urgence.
Dans l'attente de vous
lire,
Nous vous prions
d'agréer, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Maires, l'expression
de nos sentiments distingués.
Dominique
Deboise
Président
d’Orge Hurepoix Environnement
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